Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/410

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Dieu, fera-t-il mourir sa femme ? Pourquoi Amurat fera-t-il étrangler Roxane et Bajazet ? Et venant des Juifs et des Turcs aux chrétiens, pourquoi Philippe II, ce prince si catholique, fera-t-il mourir don Carlos, sur un soupçon fort mal éclairci ? La Nouvelle la plus agréable que nous ayons2 a renouvelé la mémoire d’une chose ensevelie, et a produit une tragédie, en Angleterre3, dont le sujet a su plaire à tous les Anglois. Rodogune, cette pauvre princesse opprimée, n’a pas demandé un crime pour un crime. Elle a demandé sa sûreté, qui ne pouvoit s’établir que par un crime ; mais un crime, à l’égard d’un Capucin, plus qu’à l’égard d’un Ambassadeur, un crime dont Machiavel auroit fait une vertu politique, et que la méchanceté de Cléopâtre peut faire passer pour une justice légitimement exercée.

Une chose que vous trouviez fort à redire, Monsieur, c’est qu’on ait rendu une jeune princesse capable d’une si forte résolution. Je ne sais pas bien son âge ; mais je sais qu’elle étoit reine, et qu’elle étoit veuve. Une de ces


2. Don Carlos, nouvelle historique, par l’abbé de Saint-Real, ami de Saint-Évremond et de la duchesse Mazarin. Voy. l’Introduction.

3. Composée par Thom. Otway, en 1676. Ce sujet a plus tard inspiré à Schiller un de ses plus beaux drames.