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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/42

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race ; mais la sainteté de sa vie lui donna une communication particulière avec la déesse Égérie, et ce commerce ne lui fut pas d’un petit secours, pour établir ses cérémonies. Enfin les Destins n’eurent autre soin que de fonder Rome, si on les en croit. Jusque-là, qu’une providence industrieuse voulut ajuster les divers génies de ses rois aux différents besoins de son peuple.

Je hais les admirations fondées sur des contes, ou établies par l’erreur des faux jugements. Il y a tant de choses vraies à admirer, chez les Romains, que c’est leur faire tort que de les vouloir favoriser, par des fables. Leur ôter toute vaine recommandation, c’est les servir. Dans ce dessein, il m’a pris envie de les considérer par eux-mêmes, sans aucun assujettissement à de folles opinions, laissées et reçues. Le travail seroit ennuyeux, si j’entrois exactement dans toutes les particularités ; mais je ne m’amuserai pas beaucoup au détail des actions. Je me contenterai de suivre le génie de quelques temps mémorables, et l’esprit différent dont on a vu Rome diversement animée.

Les rois ont eu si peu de part à la grandeur du peuple romain, qu’ils ne m’obligent pas à des considérations fort particulières. C’est avec raison que les historiens ont nommé leurs règnes l’enfance de Rome ; car elle n’a eu, sous