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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/7

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je vous haïssois bien. — Et moi, monsieur, repartit Saint-Luc, je ne vous hais pas moins présentement, que vous ne me haïssiez en ce temps-là. Si l’on ne m’avoit trompé, vous ne seriez pas ici ; et si l’on ne vous eût trompé le premier, on ne m’y eût pas souffert.

Ce petit discours fini, M. de Longueville voulut aller au parlement, qui s’assembloit pour délibérer si on le devoit recevoir. Quelques-uns de ses amis s’y opposèrent, alléguant qu’en se commettant, il alloit commettre toute la fortune du parti. On fit monter des gens sur une tour fort élevée, pour observer la contenance du peuple ; et comme on lui eut rapporté qu’on entendoit de toutes parts des cris de joie, il sortit aussitôt, accompagné de ceux qui l’avoient suivi, et se rendit au Palais[1], après avoir reçu partout mille acclamations.

Il surprit Messieurs du parlement, qui n’attendoient pas une aventure si inopinée ; et après avoir pris sa place, il parla de cette sorte : Vous ayant toujours beaucoup honorés et chéris, je suis venu, avec tout le péril où un homme de ma qualité se peut exposer, vous offrir mon

  1. Le Palais-de-Justice, où siégeoit le parlement de Normandie. Le lieutenant de roi, occupoit le Vieux-palais, château fort, bâti par les Anglois, au quinzième siècle, sur les bords de la Seine, et détruit pendant la révolution (1795). Voyez Chéruel, sur D’Ormesson, I, page 322.