Page:Œuvres philosophiques de Leibniz, Alcan, 1900, tome 1.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
84
nouveaux essais sur l’entendement

serons plus d’accord et que nous ne différerons qu’en quelques particularités.

Th. Je serai ravi de voir d’habiles gens dans les sentiments que je tiens vrais, car ils sont propres à les faire valoir et à les mettre dans un beau jour.

Chap. II. — Des idées simples.

Ph. J’espère donc que vous demeurerez d’accord, Monsieur, qu’il y a des idées simples et des idées composées ; c’est ainsi que la chaleur et la mollesse dans la cire et la froideur dans la glace, fournissent des idées simples, car l’âme en a une conception uniforme, qui ne saurait être distinguée en différentes idées.

Th. Je crois qu’on peut dire que ces idées sensibles sont simples en apparence, parce qu’étant confuses elles ne donnent point à l’esprit le moyen de distinguer ce qu’elles contiennent. C’est comme les choses éloignées paraissent rondes, parce qu’on n’en saurait discerner les angles, quoiqu’on en reçoive quelque impression confuse. Il est manifeste par exemple que le vert naît du bleu et du jaune, mêlés ensemble ; ainsi l’on peut croire que l’idée du vert est encore composée de ces deux idées. Et pourtant l’idée du vert nous paraît aussi simple que celle du bleu, ou que celle du chaud. Ainsi il est à croire que ces idées du bleu, du chaud, ne sont simples aussi qu’en apparence. Je consens pourtant volontiers qu’on traite ces idées de simples, parce qu’au moins notre aperception ne les divise pas ; mais il faut venir à leur analyse par d’autres expériences et par la raison, à mesure qu’on peut les rendre plus intelligibles. Et l’on voit encore par là qu’il y a des perceptions dont on ne s’aperçoit pas. Car les perceptions des idées simples en apparence sont composées des perceptions des parties dont ces idées sont composées sans que l’esprit s’en aperçoive, car ces idées confuses lui paraissent simples.

Chap. III. — Des idées qui nous viennent par un seul sens.

Ph. On peut ranger maintenant les idées simples selon les moyens qui nous en donnent la perception, car cela se fait ou 1) par le