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Page:Œuvres philosophiques de Leibniz, Alcan, 1900, tome 1.djvu/388

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nouveaux essais sur l’entendement

sique qui est l’existence réelle des choses, conforme aux idées que nous en avons.

Th. La vérité morale est appelée véracité par quelques-uns, et la vérité métaphysique est prise vulgairement par les métaphysiciens pour un attribut de l’Être, mais c’est un attribut bien inutile et presque vide de sens. Contentons-nous de chercher la vérité dans la correspondance des propositions qui sont dans l’esprit avec les choses dont il s’agit. Il est vrai que j’ai attribué aussi la vérité aux idées en disant que les idées sont vraies ou fausses ; mais alors je l’entends en effet de la vérité des propositions qui affirment la possibilité de l’objet de l’idée. Et dans ce même sens on peut dire encore qu’un être est vrai, c’est-à-dire la proposition qui affirme son existence actuelle ou du moins possible.

Chap. VI. — Des propositions universelles, de leur vérité et de leur certitude.

§ 1. Ph. Toute notre connaissance est des vérités générales ou particulières. Nous ne saurions jamais faire bien entendre les premières qui sont les plus considérables, ni les comprendre que fort rarement nous-mêmes, qu’autant qu’elles sont conçues et exprimées par des paroles.

Th. Je crois qu’encore d’autres marques pourraient faire cet effet ; on le voit par les caractères des Chinois. Et on pourrait introduire un caractère universel fort populaire et meilleur que le leur, si on employait de petites figures à la place des mots, qui représentassent les choses visibles par leurs traits, et les invisibles par des visibles qui les accompagnent, y joignant de certaines marques additionnelles, convenables pour faire entendre les flexions et les particules. Cela servirait d’abord pour communiquer aisément avec les nations éloignées ; mais, si on l’introduisait aussi parmi nous sans renoncer pourtant à l’écriture ordinaire, l’usage de cette manière d’écrire serait d’une grande utilité pour enrichir l’imagination, et pour donner des pensées moins sourdes et moins verbales qu’on n’a maintenant. Il est vrai que l’art de dessiner n’étant point connu de tous, il s’ensuit qu’excepté les livres imprimés de cette façon (que tout le monde apprendrait bientôt à lire), tout le monde ne pourrait point s’en servir