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Nouveaux essais

sur l’entendement humain

par l’auteur du système de l’harmonie préétablie[1]


Préface

L’Essai sur l’Entendement humain, donné par un illustre Anglais, étant un des plus beaux et des plus estimés ouvrages de ce temps, j’ai pris la résolution d’y faire des remarques, parce qu’ayant assez médité depuis longtemps sur le même sujet et sur la plupart des matières qui y sont touchées, j’ai cru que ce serait une bonne occasion d’en faire paraître quelque chose sous le titre de Nouveaux essais sur l’entendement[2] et de procurer une entrée plus favorable à mes pensées, en les mettant en si bonne compagnie. J’ai cru encore pouvoir profiter du travail d’autrui, non seulement pour diminuer le mien (puisqu’en effet il y a moins de peine à suivre le fil d’un bon auteur qu’a travailler à nouveau frais en tout), mais encore pour ajouter quelque chose à ce qu’il nous a donné, ce qui est toujours plus facile que de commencer ; car je crois avoir levé quelques difficultés, qu’il avait laissées en leur entier. Ainsi sa réputation m’est avantageuse, étant d’ailleurs d’humeur à rendre justice et bien loin de vouloir diminuer l’estime qu’on a pour cet ouvrage, je l’accroîtrais si mon approbation était de quelque poids. Il est vrai que je suis souvent d’un autre avis ; mais, bien loin de disconvenir pour

  1. Écrit en 1704, et publié pour la première fois par Raspe en 1765.
  2. Gehrardt, Sur Entendement.