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Page:Œuvres philosophiques de Leibniz, Alcan, 1900, tome 1.djvu/511

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tante de Calvin[1] et de Bèze[2], qui ont déclaré le plus distinctement et le plus fortement du monde que)es symboles fournissent effectivement ce qu’ils représentent et que nous devenons participants de la substance même du corps et du sang de Jésus-Christ. Et Calvin, après avoir réfuté ceux qui se contentent d’une participation métaphorique de pensée ou de sceau et d’une union de foi, ajoute qu’on ne pourra rien dire d’assez fort pour établir la réalité, qu’il ne soit prêt à signer, pourvu qu’on évite tout ce qui regarde la circonscription des lieux ou la diffusion des dimensions ; de sorte qu’il paraît que dans le fond sa doctrine était celle de Mélanchton[3] et même de Luther[4] (comme Calvin le présume lui-même dans une de ses lettres), excepté qu’outre la condition de la perception des symboles dont Luther se contente il demande encore la condition de la foi, pour exclure la participation des indignes. Et j’ai trouvé Calvin si positif sur cette communion réelle en cent lieux de ses ouvrages, et même dans les lettres familières, où il n’en avait point besoin, que je ne vois point de lieu de soupçonner d’artifice.

§ 11. Ph. Je vous demande pardon si j’ai parlé de ces Messieurs selon l’opinion vulgaire. Et je me souviens maintenant d’avoir remarqué que de fort habiles théologiens de l’Église anglicane ont été pour cette participation réelle. Mais des principes établis passons aux hypothèses reçues. Ceux qui reconnaissent que ce ne sont qu’hypothèses ne laissent pas souvent de les maintenir avec chaleur, à peu près comme des principes assurés, et de mépriser les probabilités contraires. Il serait insupportable à un savant professeur de voir son autorité renversée en un instant par un nouveau venu qui rejetterait

  1. Calvin (Jean), illustre réformateur, né à Noyon en 1509, mort en 1564, à Genève, où il avait introduit la Réforme et où il exerça toute sa vie une véritable dictature. Son plus grand ouvrage est son Institution chrétienne, 1559, beaucoup plus théologique que philosophique. P. J.
  2. De Bèze (Théod.), ami et disciple de Calvin, né à Vézelai en 1519, mort en 1601. P. J.
  3. Mélanchton (Philippe), ami et disciple de Luther, né à Bretten dans le Bas-Paiatinat en 1497, mort en 1567. Il a réconcilié la Réforme avec la philosophie d’Aristote. Ses principaux ouvrages sont Dialectica, in-8o, Wittemberg, 1530 ; Commentarius de animá, ib., in-8o, 1540 ; Initia doctrinæ, in-8o, 1517 ; Epitome philosophiæ moralis, in-8o, 1550. P. J.
  4. Luther (Martin), illustre réformateur dont il est inutile de rappeler l’histoire, né à Eisleben en Saxe en 1484, mort dans cette ville en 1546. On a de lui des OEuvres latines (Iéna, 4 vol. in-fol.), et des OEuvres allemandes (Wittemberg, 1539-1559, 12 vol. in-fol. ; ses Propos été table (Tischreden), publiés en allemand a Eisleben, 15565 in-8o, ont été traduits en latin, Francfort, 1571, en français sous le titre de Mémoires de Luther, par M. Michelet (Paris, 1837, 2 vol. in-8o). P. J.