digne de croyance qui les a fait passer jusqu’à nous, soit par les Écritures, soit par le rapport de ceux qui les ont conservées, à peu près comme nous nous fondons sur l’expérience de ceux qui ont vu la Chine et sur la crédibilité de leur rapport, lorsque nous ajoutons foi aux merveilles qu’on nous raconte de ce pays éloigné. Sauf à parler ailleurs du mouvement intérieur du Saint-Esprit, qui s’empare des âmes, et les persuade et les porte au bien, c’est-à-dire à la foi et la charité, sans avoir toujours besoin de motifs.
2. Or, les vérités de la raison sont de deux sortes les unes sont ce qu’on appelle les vérités éternelles, qui sont absolument nécessaires, en sorte que l’opposé implique contradiction ; et telles sont les vérités dont la nécessité est logique, métaphysique ou géométrique, qu’on ne saurait nier sans pouvoir être mené à des absurdités. Il y en a d’autres qu’on peut appeler positives, parce qu’elles sont les lois qu’il a plu à Dieu de donner à la nature, ou parce qu’elles en dépendent. Nous les apprenons, ou par expérience, c’est-à-dire a posteriori, ou par la raison et a priori, c’est-à-dire par des considérations de la convenance qui les ont fait choisir. Cette convenance a aussi ses règles et ses raisons ; mais c’est le choix libre de Dieu, et non pas une nécessité géométrique, qui fait préférer le convenable et le porte à l’existence. Ainsi, on peut dire que la nécessité physique est fondée sur la nécessité morale, c’est-à-dire sur le choix du sage digne de sa sagesse ; et que l’une aussi bien que l’autre doit être distinguée de la nécessité éométrique. Cette nécessité physique est ce qui fait ’ordre de la nature, et consiste dans les règles du mouvement et dans quelques autres lois générales qu’il a plu à Dieu de donner aux choses en leur donnant l’être. Il est donc vrai que ce n’est pas sans raison que Dieu les a données ; car il ne choisit rien par caprice et comme au sort ou par une indifférence toute pure ; mais les raisons générales du bien et de l’ordre qui l’y ont porté peuvent être vaincues dans quelques cas par des raisons plus grandes d’un ordre supérieur.
3. Cela fait voir que Dieu peut dispenser les créatures des lois qu’il leur a prescrites et y produire ce que leur nature ne porte pas, en faisant un miracle ; et lorsqu’elles sont élevées à des perfections et à des facultés plus nobles que celles où elles peuvent arriver par leur nature, les scolastiques appellent cette faculté une puissance obédientielle, c’est-à-dire que la chose acquiert en obéissant au commandement de celui qui peut donner ce qu’elle n’a pas, quoique