Page:Œuvres philosophiques de Leibniz, Alcan, 1900, tome 2.djvu/36

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Et encore ailleurs (Georg. IV, v. 221) :

Deum namque ire per omnes
Terrasque tractusque maris coelumque profundum :
Hinc pecudes, armenta, virus, genus omne ferarum,
Quemque sibi tenues nascentem arcessere vitas.
Scilicet huc reddi deinde ac resoluta referri.

9. L’âme du monde de Platon a été prise dans ce sens par quelques-uns ; mais il y a plus d’apparence que les stoïciens donnaient dans cette âme commune qui absorbe toutes les autres. Ceux qui sont de ce sentiment pourraient être appelés monopsychites, puisque selon eux il n’y a véritablement qu’une seule âme qui subsiste. M. Bernier remarque que c’est une opinion presque universellement reçue chez les savants dans la Perse et dans les états du Grand-Mogol ; il paraît même qu’elle a trouvé entrée chez les cabalistes[1] et chez les mystiques. Un certain Allemand, natif de la Souabe, devenu juif il y a quelques années, et dogmatisant sous le nom de Moses Germanus, s’étant attaché aux dogmes de Spinoza, a cru que Spinoza renouvelle l’ancienne Cabale des Hébreux ; et un savant homme[2], qui a réfuté ce prosélyte juif, paraît être du même sentiment. L’on sait que Spinoza ne reconnaît qu’une seule substance dans le monde, dont les âmes individuelles ne sont que des modifications passagères. Valentin Weigel[3], pasteur de Tschopa en Misnie, homme d’esprit, et qui en avait même trop, quoiqu’on l’ait voulu faire passer pour un enthousiaste, en tenait peut-être quelque chose ; aussi bien que celui qui se nomme Jean-Angélus[4], Silésien, auteur de certains petits vers de dévotion allemands assez jolis, en forme d’épigrammes, qu’on vient de réimprimer. Et généralement la déification des mystiques pouvait recevoir ce mauvais

  1. Cabbalistes, secte hébraïque, très ancienne, dont les doctrines mystiques sont exposées dans deux livres curieux le Zohar et le Sep/ier ietziruli. Voir, sur cette école, le savant ouvrage de M. Franck, te Cubbale, Paris, 1843, — un vol in-8. P. J.
  2. Ce savant homme est Wachter (Georges), théologien protestant, auteur du livre intitulé Le Spinosisme dans le judaïsme (Amsterd., 1699, in-12 Ail.), et d’un autre : Concordia rationis et ficlei (Amsterd., 1682, in-S°). Quant’à Moses germanus, son vrai nom est Jean-Pierre Speeth. P. J.
  3. Weigel (Valentin), théologien du xvr siècle, né en 1531, mort en 1588. On a de lui un grand nombre d’ouvrages théologiques, entre autres Dialogus de chvistianismo De vitci. beatâ De vitd œternâ ; Tkeolotjia astrologizata, etc. P. J.
  4. Ce Jean Angélus nous est inconnu. P. J.