Page:Œuvres philosophiques de Leibniz, Alcan, 1900, tome 2.djvu/38

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puissent avoir du sentiment, donnent beaucoup de prise aux monopsychites ; car il sera toujours difficile de persuader aux hommes que les bêtes ne sentent rien ; et quand on accorde une ois que ce qui est capable de sentiment peut périr, il et difficile de maintenir par la raison l’immortalité de nos âmes.

11. J’ai fait cette petite digression parce qu’elle m’a paru de saison dans un temps où l’on n’a que trop de disposition à renverser jusqu’aux fondements la religion naturelle, et je reviens aux averroïstes, qui se persuadaient que leur dogme était démontré suivant la raison, ce qui leur faisait avancer que l’âme de l’homme est mortelle selon la philosophie, pendant qu’ils protestaient de se soumettre à la théologie chrétienne, qui la déclare immortelle. Mais cette distinction passa pour suspecte, et ce divorce de la foi et de la raison fut rejeté hautement par les prélats et par les docteurs de ce temps-là, et condamné dans le dernier concile de Latran sous Léon X, où les savants furent exhortés à travailler pour lever les difficultés qui semblaient commettre ensemble la théologie et la philosophie. La doctrine de leur incompatibilité ne laissa pas de se maintenir incognito : Pomponace en fut soupçonné, quoiqu’il s’expliquât autrement ; et la secte même des averroïstes se conserva per tradition. On croit que César Crémonin[1], philosophe fameux en son temps, en a été un des arcs-boutants. André Césalpin[2], médecin, auteur de mérite, et qui a le plus approché de la circulation du sang, après Michel Servet[3], a été accusé par Nicolas Taurel[4], dans un livre intitulé Alpes ccesce, d’être de ces péripatéticiens contraires à la

  1. Crémoniki (César), célèbre commentateur d’Aristote au xvie siècle, né à Ceuto (duché de Modène) en 1550, mort à Pailoue en 1631. Ses principaux ouvrages sont De Pœdia Avistolclis Diatyjiosis unioersse nalwalis Arislolelicœ philosophix Illustres ~it’i'4'<o<e<M /)itt<(Mi~ ~Htue~'M ? !<(!<t«'ct<~ de sen <o<e<icx ~/t !7o-o~/ti’tB /~tMh’e< cott<em~<ft<i’o)te~ f<e [«tt’mft 7~tc<a-t.s' </e ~e~ sibus, etc. P. J.
  2. Cësalpi.no (Andréa), commentateur d’Aristote, mais très opposé à la scholastique, né en 1519 à Avezzo, mort en 1603. Ses principaux ouvrages philosophiques, très rares d’ailleurs, sont Quœstiones peripateticx in-fol., Venise, 1571 ; Dœmonum invesligatio peripatetica, in-4o, ibid., 1593. P. J.
  3. SERVET (Michel) ou Micaè’I SERVETO, philosophe et théologien celèbre du xvi° siècle, né en 1509 à Villanueva (Aragon), mis à mort à Genève en 1553, par l’ordre de Calvin, comme coupable d’hérésie. Ses ouvrages sont De TrinUati erroribus, Haguenau, 1532 Dialogorum de Trinitale libri duo, ibid., 1533. P. J.
  4. TAUREL (Nicolas), philosophe et théologien, né à Montbéliard en 1517. mort à Altdorf en 1606. Ses principaux ouvrages sont Philosophie triumphus, in-8o, Baie, 1573 Synopsis Aristotelis Metaphijsicx, in-S°, llanov., 1596 ; Alpes Cœsœ (contra Césalpin), in-8o, Francfort-sur-Mein, 1597 Cosmologia, in-S° Amsterd., 1603 ; De rcnun seteniitate, in-8o, Strasbourg, 1601. P. J.