Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/367

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Pardonne-moy, Cleande, helas ! je te confesse,
J’ay trop legerernent douté de ta promesse,
Mais aussi qui n’eust craint ? toutes fois pour marquer
Que i’absence n’a peu mon ardeur suffoquer,
Reclamant tes beaux yeux mes plus cheres idoles,
Je veux sur ce rocher buriner ces paroles :

Paravant que le fort m’esongna de ces bois,
Cleande me lioit au doux joug de ses loix,
Et ores de retour, la beauté de sa face,
Ainsi qu’auparavant, d’un mesme nœud m’embrasse.
Puisse faire le Ciel qu’avant le soir ombreux
Je revive au doux jour de son œil amoureux.

Allons, mon cher Tirsis ; las ! qu’une longue absance
Traine avec foy de maux ! tousjours la defiance
Accompagne nos pas, nos yeux et nostre cœur,
Nostre ame est aux aguets sur le pied de la peur,
Au moindre bruit, helas ! elle affole de crainte,
Et sent plus tost couler les larmes et la plainte,
Qu’en sçavoir le subject, tant l’Amour est jaloux,
Et sensible aux soupçons, et bref, pront au courroux.


Scène 7

Cléande, Silvie.
Cléande

Cesseras-tu jamais, mon ame, de te plaindre ?
Mouiller tes yeux de pleurs, souspirer, et de craindre ?