Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/390

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Et sainctement armé de vostre amour celeste,
Chasser loin de mon cœur ceste impudique peste :
Je dis ces vains plaisirs dont les appas mortels
Estongnent mon esprit de vos sacrez autels.
Bref lors de vostre amour ayant l’ame embrazee,
Je verray la tourmente en mon cœur apaizee,
Et ù l’abri du monde et de sa vanité,
Je loueray tousjours vostre douce bonté,
Comme le sainct flambeau dont la saincte lumiere
A retiré mon cœur de son erreur premiere.


STANCES


Si tost que du Soleil au point de l’Occident
L’agreable lumiere à la nuit va cedant,
Mille foibles desseins naissent dans ma pensee,
Ores lassé de vivre à vous mon Dieu je cours,
Puis je reprens le soing de mes mal-heureux jours :
Ainsi de mille traits mon ame est traversee.
La vanité qui sert d’idole à mes desirs,
Ensorcelant mon cœur du charme des plaisirs.
Retire de vos loix mon debile courage :
Ainsi lors je ressemble à un goulu poisson,
Qui deceu par l’appast d’un trompeur hameçon,
Sort de son element, et meurt sur le nuage.
Ainsi que l’ombre cede au Soleil qui reluit,
Et comme aux jours d’esté la neige se destruit,
Mon zele ainsi se perd quand le monde m’appelle
Et mes desseins rangés soubs le joug de vos loix,