Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/393

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De l’œil de mon Seigneur ne reluit qu’en passant,
Tout ainsi qu’un esclair qui se meurt en naissant.
Je me retire enfin battu de maint orage,
Et reviens mouiller l’anchre à un calme rivage.
J’ay trop longtemps flotté jouet des tourbillons,
De la fureur du Ciel et des mondains seillons,
Or emmy les escueils, ores dans les tempestes,
Le pitoyable but des mortelles sugettes
Que mon fier ennemy decochoit contre moy.
Il est temp, de ranger dessoubs vie autre loy,
Mon ame, mes desirs et mon obeyssance,
Et bref de secouer le joug de la puissance,
Qui homme m’a rendu l’esclave du peché.
Je brise donc le nœud qui me tient attaché,
Et redonne à mon cœur sa liberté premiere
Jà mon cœur esclairé de la douce lumiere
De ce divin Soleil, de qui tant seulement
Tributaire je tiens mon vital mouvement,
Mesprise la clarté des flambeaux de la terre ;
Jà d’un pudique nœud mon ame se reserre,
Jà le monde m’ennuye, et la beauté des Cieux
Attire seulement mon esprit et mes yeux :
Le traict d’un repentir a mon ame blessée
Et mon cœur fut le vol d’une chaste pensee
S’immole pour victime à celuy dont la mort
A fait surgir le monde a un paisible port.
Loing donc, bien loing de moy, vanitez ampoulées,
Je ne redoute plus vos puissances foulées
Soubs les pieds du mespris ; et vous sales plaisirs