Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et cent fois combatu de la legereté
Amour a rebouché la poincte de ses armes.

Rien ne peut esbranler ma confiance et ma foy,
Car un si beau soleil donne à mon cœur la loy,
Que le voir sans mourir d’une amoureuse attaincte,

Ou c’est estre insensible, ou bien avoir un cœur
Indigne de servir un si noble vainqueur,
Et d’avoir sa franchise en ses beaux nœuds estraincte.

XXXII.

Si tost que le soleil s’esclipse de nos yeux,
La nuict d’un voile noir enveloppe la terre,
La lumiere du tour aux ombres se resserre,
Et lors mille flambeaux estincellent aux cieux.

Ansi quand mon soleil s’eslongne gracieux,
Je vois tant seulement les esclairs du tonnerre,
Ma veue est obscurcie, et mon tyran desserre
Mille traicts sur mon ceur qui languit soucieux.

Je n’ay d’autre recours qu’aux souspirs et aux larmes,
Je n’ay d’autre repos qu’en mes dures alarmes,
Ny d’autre alegement qu’en ma douce langueur.

Et dans les fombres nuicts de sa mortelle absente,
Ce qui plus me martire et ce qui plus m’offence,
Cela seul me contante et soulage mon cœur.