Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/94

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Et il faut que je meure, ou que ma volonté
Incline au doux pouuoir de sa belle lumiere.

En vain contrelutant ses amoureux attraits,
Tu veux et triumpher d’Amour et de ses traits,
Et vaincre de cest œil les invincibles charmes.

Car pour briser les fers de sa belle prison,
Et pour combattre Amour, il faudroit pour mes armes,
Avec un cœur de roche, une fole raison.

XXXV.

Aux bors plus reculez des sablonneux ruisseaux,
Dont l’ondoyant cristal emmy les prez se roule,
Pour alleger mon dueil dont la rigueur me soule,
Je vay mouillant mon sein de mes larmeuses eaux.

Puis meditant aux nuicts de ces astres jumeaux,
De penser en penser mon plus beau jour s’escoule,
Et va d’un triple cours, tout ainsi qu’une boule,
Ou ainsi que le bal des celestes flambeaux.

Aux insensibles mons je sanglotte mes plaintes,
J’apprends aux pins gomeux mes farouches attaintes
Sur l’aisle de ma voix je pousse ma douleur.

Aux oreilles des Dieux, bref je chasse ma vie,
Mais en vain, car Amour qui la tient asservie,
Impiteux la soustrait à ma juste fureur