Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/98

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Quand seray-je vainqueur au soin qui me devore ?
N’auray-je de plaisir seulement qu’en pourtraits ?

Beaux yeux dont les regards me font mourir de crainte,
Aussi tost que je sens une amoureuse attainte
Faire vivre mon cœur consumé de vos fœux :

Beau front de qui l’orgueil foule mes sacrifices,
Bien que vous n’ayez pas que foudres et supplices,
Je n’auray que d’Amour, qu’offrandes et que vœux.

XLI.

Blesse d’un trait vainqueur qui sortit de ta veue,
Alors que je te vis, bel astre de mon fort,
Insensible à tous traits, fors qu’à ceux de la mort,
J’immole à ton autel ma liberté vaincue.

D’un tributaire vœu ma raison abbatue
Cede à l’assaut divin de l’amoureux effort,
Que si je fais naufrage en m’esloignant du port,
Je diray que l’amour de ton bel œil me tue.

Des que je me perdis au doux jour de tes yeux
Affolé d’un desir et beau et glorieux,
Il ne me resta rien qu’un vouloir de te plaire.

Que si pressé du nœud de ma chere prison,
Je veux encor chez moy r’appeler ma raison,
Bel astre je n’ay pas le pouvoir de le fuire.