d’une maison à Florence, située rue des Guicciardini, d’habitations de facteurs, de champs séparés et de vignes.
Machiavel pouvait espérer encore plusieurs années de calme et de travail ; mais, en 1527, au retour d’un voyage à Civita-Vecchia, il sentit tout à coup sa santé s’altérer. Empirique en médecine comme en politique, il s’était habitué depuis longtemps à se traiter avec des pilules dont voici la recette, telle qu’il l’a transmise dans une lettre à Guicciardin :
Drachm. | |
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Aloe patico | 1 1/2 |
Cardam. dios. | 1 » |
Zafferano | » 1/2 |
Mirra detta | » 1/2 |
Bettonica | » 1/2 |
Pinpinella | » 1/2 |
Bolo armenico | » 1/2 |
Quoique assez inoffensives, ces pilules, prises à contre-temps et peut-être à trop forte dose, déterminèrent une crise, et Machiavel, saisi de violentes douleurs d’entrailles, mourut le 22 juin 1527, « après avoir confessé tous ses péchés au frère Matthieu, qui resta près de lui jusqu’au moment où il cessa de vivre[1]. »
Ses restes furent déposés dans l’église de Sainte-Croix, près de ceux des membres de sa famille, et ils y restèrent pendant deux siècles et demi, « ignorés, dit M. Périès, du plus grand nombre de ses concitoyens, sans que rien distinguât sa tombe de celle du Florentin le plus obscur ; mais, en 1787, le grand-duc Léopold fit ériger en son honneur un monument en marbre auprès des sépultures de Galilée et de Michel-Ange, et sur ce tombeau on grava cette inscription :
- ↑ Lettre de Pierre Machiavel, fils de Nicolas, dans laquelle il annonce la mort de son père à François Nelli. ─ Périès, Hist. de Machiavel, p. 269.
- ↑ Voici les vers inspirés à Lord Byron par la vue du tombeau dont nous venons de parler : « Dans l’enceinte sacrée de Sainte-Croix sont renfermées des cendres qui la rendent plus sainte ; poussière qui même à elle seule est une immortalité, quand il n’y aurait rien là que le passé, et ces particules mortelles de ces génies sublimes qui sont tombés dans le chaos. Ici reposent les ossements d’Angelo, d’Alfieri, et Galilée avec ses malheurs ; c’est ici que le corps de Machiavel est retourné à la terre d’où il avait été tiré. »
Byron, Childe Harold, ch. IV.