Horace vainqueur, rentrant à Rome, rencontra une de ses sœurs qui était fiancée à l’un des trois Curiaces tués : elle pleurait la mort de son futur époux ; il la poignarda. On le mit en jugement pour ce crime : après de longs débats il fut absous ; mais il dut son salut bien plus aux prières de son père, qu’à ses propres services.
Il y a trois choses à remarquer ici :
La première, qu’il ne faut jamais hasarder toute sa fortune avec une partie de ses forces ;
La seconde, que dans un État bien gouverné les services rendus ne doivent jamais être la compensation d’un crime ;
La troisième, qu’il faut regarder une résolution comme peu sage, toutes les fois qu’on peut ou qu’on doit douter que les traités soient observés : car l’esclavage est une chose tellement funeste, qu’il était impossible de croire que ces deux rois ou ces deux peuples ne se repentiraient point par la suite d’avoir fait dépendre leur liberté du sort de trois de leurs concitoyens. Métius le fit bien voir quelque temps après. Quoique ce prince, après la victoire des Romains, s’avouât vaincu, et jurât d’obéir à Tullus, néanmoins, lorsqu’à la première expédition contre les Véïens il fut obligé de se joindre à ce dernier, on sait comment il chercha à le tromper, s’apercevant trop tard de l’imprudence du parti qu’il avait embrassé.
Comme je me suis assez étendu sur cette dernière remarque, je parlerai seulement des deux autres dans les chapitres suivants.