implevit bonis, et divites dimisit inanes. Il faut en outre qu’il bâtisse de nouvelles villes, qu’il renverse les anciennes, qu’il transporte les habitants d’un lieu dans un autre ; en un mot, qu’il ne laisse rien d’intact dans ses nouveaux États, et qu’il n’y ait ni rang, ni ordre, ni emploi, ni richesses que l’on ne reconnaisse tenir de lui seul. Il doit avoir sans cesse les yeux sur Philippe de Macédoine, père d’Alexandre, qui, par une semblable politique, devint, de petit roi qu’il était, monarque souverain de la Grèce. Ses historiens disent de lui qu’il promenait les hommes de province en province, comme les pasteurs transportent leurs troupeaux.
Ces procédés sont tout à fait barbares et contraires à toute espèce de civilisation. Non-seulement le christianisme, mais l’humanité les repoussent. Tout homme doit les fuir, et préférer la vie d’un simple particulier à celle d’un roi qui règne par la ruine des humains. Néanmoins, quiconque, pour se maintenir, ne veut point marcher dans la route du bien que nous lui avons d’abord indiquée, doit entrer nécessairement dans cette carrière funeste. Mais la plupart des hommes croient pouvoir s’avancer entre ces deux routes, et s’exposent ainsi aux plus grands dangers ; car ils ne savent être ni tout à fait bons, ni tout à fait méchants. L’exemple que nous allons rapporter dans le chapitre suivant éclaircira notre pensée.
CHAPITRE XXVII.
Le pape Jules II, se rendant à Bologne, en 1505, pour en chasser la famille des Bentivogli, qui avait possédé la souveraineté de cette ville pendant cent années, voulait