Page:Œuvres politiques de Machiavel.djvu/266

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Pisans. Cette proposition fut encore rejetée par les Florentins ; mais monseigneur Imbault, qui vit la faute où leur aveuglement allait les précipiter, commença à traiter en son nom avec les Aretins, sans y faire intervenir les commissaires de Florence ; et à la faveur du traité, qui fut bientôt conclu comme il le désirait, il entra dans Arezzo avec son armée, faisant sentir aux Florentins l’imprudence de leur conduite et leur peu d’expérience des affaires de ce monde. Il ajouta que s’ils désiraient Arezzo, ils n’avaient qu’à en instruire le roi, qui avait bien plus de facilité de leur donner cette ville, maintenant que ses troupes l’occupaient, que quand elles étaient encore hors de son sein. Cependant on ne laissait pas dans Florence de déchirer monseigneur Imbault et de l’accabler de reproches, jusqu’à ce qu’on reconnût enfin que si Beaumont eût agi comme ce dernier, Florence eût possédé Pise comme elle obtint Arezzo.

Ainsi, pour en revenir à notre sujet, les républiques dont les volontés sont incertaines ne savent jamais prendre un bon parti que quand la nécessité les y oblige ; parce que leur faiblesse les empêche de se déterminer dès qu’il y a le moindre doute ; et si ce doute n’était surmonté par une violence qui les précipite, elles flotteraient dans une éternelle incertitude.



CHAPITRE XXXIX.


On voit souvent arriver des événements semblables chez des peuples différents.


Quiconque étudie les événements contemporains et ceux qui se sont passés dans l’antiquité, s’aperçoit sans peine que les mêmes désirs et les mêmes passions ont régné et règnent encore sous tous les gouvernements et chez tous les peuples. Il est donc facile pour celui qui