Page:Œuvres politiques de Machiavel.djvu/343

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défirent et chassèrent les habitants du pays, s’y établirent, y construisirent un grand nombre de villes, lui donnèrent, du nom qu’ils portaient à cette époque, le nom de Gaule, qu’il a conservé jusqu’à ce que les Romains les eurent subjugués.

Les Toscans vivaient donc dans une parfaite égalité, et travaillaient à leur agrandissement en suivant le premier moyen dont nous avons parlé. Les villes qui composaient la ligue et gouvernaient la contrée étaient au nombre de douze, parmi lesquelles on comptait Clusium, Véïes, Fiésole, Arezzo, Volterre et autres. Elles ne purent étendre leurs conquêtes hors de l’Italie ; une grande partie même de cette contrée échappa à leurs armes par les causes dont je parlerai dans la suite.

Le second moyen est de s’associer des alliés, mais de manière à se conserver le commandement, le siége de l’empire et la gloire de l’entreprise : c’est la conduite que tinrent toujours les Romains.

Le troisième moyen est de se faire des sujets immédiats, et non des alliés, ainsi qu’en usèrent les Spartiates et les Athéniens.

De ces trois moyens, le dernier n’offre aucune utilité ; l’exemple des deux républiques que je viens de citer le démontre suffisamment : leur ruine n’eut d’autre cause que d’avoir étendu leurs conquêtes au delà de ce qu’elles pouvaient conserver. S’efforcer de gouverner une ville par la violence, surtout lorsqu’elle est accoutumée à vivre en liberté, c’est une entreprise pénible et périlleuse. Si vous n’êtes toujours armé et entouré de forces considérables, vous ne pourrez ni lui prescrire des ordres, ni la faire obéir. Si vos propres forces ne vous le permettent pas, il est nécessaire de vous faire des compagnons qui vous aident à grossir le nombre des habitants de votre cité. Athènes et Sparte, n’ayant fait ni l’un ni l’autre, ne retirèrent aucun fruit de leur conduite.

Rome, que nous avons citée comme un exemple du