Page:Œuvres politiques de Machiavel.djvu/353

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d’argent, et de toutes sortes de dépouilles des nations vaincues.

C'est par cette conduite, c’est en précipitant l’issue de la campagne, en épuisant à la longue l’ennemi par des guerres renouvelées sans cesse, en détruisant ses armées, en ravageant son territoire, et en lui arrachant des traités avantageux, que les Romains virent de jour en jour s’accroître et leurs richesses et leur puissance.



CHAPITRE VII.


Quelle étendue de terrain les Romains accordaient à chaque colon.


Il me semble qu’on ne peut que difficilement déterminer la quantité exacte de terre que les Romains accordaient à chaque colon. Je crois qu’on en donnait plus ou moins, suivant les lieux où l’on envoyait des colonies ; mais, dans toutes les circonstances et dans tous les lieux, ces distributions furent toujours extrêmement modiques : d’abord, afin de pouvoir y envoyer le plus grand nombre d’hommes possible, attendu qu’ils étaient destinés à la garde du pays ; en dernier lieu, parce que, vivant pauvres chez eux, il n’était pas juste que leurs colons vécussent au dehors dans une trop grande abondance. Tite-Live nous apprend qu’après la prise de Véïes on y envoya une colonie, et qu’on distribua à chaque colon trois arpents et sept onces de terre, qui font, suivant nos mesures actuelles...[1].

D’ailleurs, outre les raisons que nous avons déjà alléguées, les Romains étaient persuadés que ce n’était pas l’étendue des terres, mais la bonne culture qui pouvait suffire aux besoins. C’est un bien nécessaire qu’une co-

  1. Machiavel n’a point déterminé ce rapport.