et de s’offrir comme arbitre entre les partis jusqu’au moment où ils prennent les armes. Lorsqu’ils sont armés, il faut encourager le parti le plus faible par quelques légers secours, suffisants pour l’exciter à faire la guerre et à se consumer lui-même, mais point assez considérables pour lui causer de l’ombrage et lui donner lieu de croire que vous voulez l’opprimer et l’asservir à votre puissance. Si vous vous conduisez avec sagesse dans cette circonstance, vous ne pouvez guère manquer d’atteindre le but que vous vous proposiez.
C’est en suivant cette politique que la ville de Pistoja, comme je l’ai dit ailleurs, et dans une occasion semblable, tomba en la puissance de la république de Florence. Les Florentins, profitant de ses dissensions, favorisaient tantôt un parti, tantôt l’autre, sans se déclarer ouvertement pour aucun : ils la réduisirent au point que, fatiguée de vivre au milieu de troubles perpétuels, elle se jeta spontanément dans les bras des Florentins.
La ville de Sienne n’a éprouvé de révolution dans son gouvernement que lorsque l’intervention des Florentins a été faible et rare ; lorsque leurs secours ont été nombreux et puissants, Sienne tout entière s’est réunie pour défendre son gouvernement.
Je veux ajouter un dernier exemple à tous ceux que j’ai déjà rapportés.
Philippe Visconti, duc de Milan, entreprit plusieurs fois de déclarer la guerre aux Florentins, dans l’espoir de profiter de leurs discordes, et jamais il n’obtint le moindre succès ; aussi disait-il, en se plaignant du résultat de ses entreprises, que « les folies des Florentins lui avaient inutilement coûté plus de deux millions d’or. »
Comme je l’ai dit plus haut, les Véïens et les Étrusques se laissèrent donc aveugler par une fausse opinion ; et une seule bataille suffit aux Romains pour les subjuguer. C’est ainsi que se tromperont tous ceux qui, à