Page:Œuvres politiques de Machiavel.djvu/449

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au moment de l’exécution. Si l’on prévient le moment désigné, ou si on le laisse passer, tout est perdu : s’il s’élève un bruit imprévu, comme le cri des oies du Capitole, si l’on enfreint l’ordre accoutumé, la plus légère erreur, la faute la moins importante, suffisent pour renverser une entreprise.

Il faut y joindre les ténèbres de la nuit, qui ajoutent encore à la terreur de ceux qui s’abandonnent à ces périlleuses entreprises. La majeure partie des hommes qui s’y laissent entraîner, ne connaissant ni la nature du pays, ni la position des lieux où on les conduit, se troublent, se découragent, et se laissent abattre par l’accident le plus léger et le plus imprévu. La plus faible apparence suffit pour les mettre en fuite.

Jamais personne, dans ces expéditions nocturnes où la ruse se joint à l’audace, ne fut plus heureux qu’Aratus de Sicyone ; mais, autant il se montrait habile dans ces opérations, autant il était pusillanime dans celles qu’il fallait exécuter ouvertement et à la clarté du jour ; ce qu’il faut plutôt attribuer à un instinct secret, qu’à la facilité qu’elles semblent naturellement présenter. Aussi, voit-on que sur un grand nombre d’entreprises de ce genre que l’on tente, bien peu parviennent à l’exécution, et bien moins encore réussissent.

Quant à la manière de s’assurer des villes par capitulation, elles se rendent ou volontairement ou par force. Elles capitulent volontairement, ou parce qu’une nécessité étrangère les contraint à se jeter dans vos bras, comme fit Capoue avec les Romains ; ou parce qu’elles espèrent jouir d’un bon gouvernement, attirées par la douceur des lois sous lesquelles vivent ceux qui se sont volontairement réfugiés dans votre sein, comme en agirent les Rhodiens, les Marseillais et les autres villes qui se donnèrent au peuple romain.

A l’égard des capitulations obtenues par la force, ou elles sont le résultat d’un long siége, comme je l’ai dit