Page:Œuvres politiques de Machiavel.djvu/602

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

celui qui est puni se plaint du sort ; celui qui ne l'est pas a peur qu’une autre fois il ne l’atteigne, et il se garde d’errer de nouveau. Les empoisonneuses et ceux qui étaient entrés dans la conjuration des Bacchanales furent donc punis selon que le méritait l’énormité de leur crime.

Quoique ces épidémies produisent des effets funestes dans une république, elles ne sont jamais mortelles, parce qu’on est presque toujours à temps de les extirper ; mais celles qui menacent le gouvernement sont presque toujours cause de sa ruine, si la sagesse d’un homme éclairé n’y apporte un remède.

La générosité avec laquelle les Romains accordaient aux étrangers le droit de bourgeoisie avait introduit dans Rome une telle foule d’hommes nouveaux, et leur influence sur les élections était devenue si puissante, que le gouvernement commençait à s’altérer, et s’éloignait des institutions et des hommes qu’il était accoutumé à suivre. Quintus Fabius, qui à cette époque était censeur, s’étant aperçu des dangers de l’État, réunit sous quatre tribus ces familles nouvelles, source de tous les désordres, afin que, resserrées dans des limites étroites, elles ne pussent corrompre Rome entière. Cette mesure fut parfaitement sentie par Fabius : sans rien altérer, il apporta au mal le véritable remède, et la république en fut tellement reconnaissante, qu’elle ne le nomma plus que Maximus, ou très-grand.



FIN DES DISCOURS SUR TITE-LIVE,