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Page:Œuvres spirituelles de S. Bonaventure, tome 1, 1854.djvu/656

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Elle loue, elle glorifie son Dieu ; elle rappelle combien il fut admirable au jour où il lui donna l’être.

« Ô pieux Créateur, lui dit-elle, vous m’avez montré, lorsque vous me tirâtes du néant, combien abondant était votre amour. Dès ce jour, vous avez pensé à faire gratuitement participante de votre gloire celle que vous avez aimée lorsqu’elle ne pouvait répondre à votre amour.

« Oh ! combien ineffable est la dignité que j’ai reçue de vous, alors que l’image du Seigneur a été imprimée en moi ! Mais de quelle magnificence n’eût-elle point été accrue, si je n’eusse violé les ordres de mon Dieu !

« Vous vouliez, ô Charité suprême ! m’unir inséparablement à vous, établir ma demeure au milieu des célestes délices, me fixer en votre présence ; vous vouliez me nourrir et m’instruire comme votre fille bien-aimée.

« Vous aviez arrêté, dès-lors, de m’unir aux saintes armées de votre cour, et de vous donner vous-même à moi. Mais comment pourrai-je reconnaître un si grand bienfait ? Je n’en sais rien, si ce n’est en vous aimant.

« Ô unique suavité, douceur unique, salutaire ravisseur des cœurs qui vous aiment ! tout ce que je possède, tout ce que je suis, je vous le donne ; à vous je confie mon dépôt tout entier. »

Allons ! allons ! tel est le chant d’un cœur qui trouve sa joie dans les peines. Il confesse qu’il mérite d’être aimé d’un amour sans mélange de sa créature, celui qui l’a créée avec autant d’amour, celui qui l’environne de soins aussi persévérants.