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Page:Œuvres spirituelles de S. Bonaventure, tome 1, 1854.djvu/667

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Vos yeux maintenant ont trouvé la paix ; vos larmes abondantes se sont taries. Vous contemplez sans voile celui qui était votre espérance. Sa main vous a soutenue à travers les flots de ce monde, et à cette heure il console vos chagrins dans des torrents d’allégresse.

Dites-moi, dites-moi, chère âme, pourquoi pleureriez-vous encore ? Au milieu des célestes délices, pourquoi verser des larmes ? Celui que vous possédez est unique entre tous, et si vos désirs pouvaient s’étendre au-delà, ils seraient sans objet.

VIII.

Je mets fin à mes chants pour ne point exciter l’ennui. Si je voulais décrire combien enivrant, combien glorieux est l’état de cette âme, je craindrais qu’un sourire incrédule de la part des méchants ne vînt accueillir mes paroles.

Cependant, mon bien-aimé, quoi qu’on puisse vous dire, imitez avec ardeur ce martyre tout nouveau, et, lorsque vous l’aurez goûté, conjurez Jésus-Christ de vous apprendre à en redire les chants glorieux.

Faisons souvent entendre les paroles de ce sacré cantique, de peur que les chagrins de la vie ne viennent à nous briser ; car c’est au milieu de tels accords que Jésus et Marie ont reçu cette âme triomphante au sortir de l’exil.

Que votre cœur, ô ma sœur, âme fidèle, se réjouisse en ces chants ; qu’il se lave dans un fleuve de larmes, que ses soupirs soient son martyre, que toutes ses forces soient sur la terre consacrées à célé-