Aller au contenu

Page:Œuvres très complètes de Sainte Thérèse, tome 3, 1845.djvu/631

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

passer plus outre ; toutefois on peut, avec le temps et par un exercice continuel, se perfectionner, et, pour parler ainsi, se concentrer davantage en l’amour de Dieu. Il en va de cela comme du feu qui brûle du bois : il y tre d’abord ; il se l’unit et le change en lui-même ; mais enfin il s’allume

en

davantage avec le temps ; il pénètre plus profondément le bois ; il l’enflamme avec plus d’ardeur, just/u’à ce qu’il le consume et le réduise en étincelles et en cendres. Il est aisé d’appliquer celle comparaison à notre sujet, et de concevoir de quelle manière le feu de l’amour divin entre dans l’âme, la pénètre, la transforme en lui et la consume entièrement.

Ce que l’âme déjà transformée et consumée intérieurement par le feu de l’amour dit dans ces cantiques, se doit entendre de l’ardeur inexplicable qui est propre de ce degré. Car, non-seulement elle est unie à ce feu divin, mais ce feu divin excite aussi en elle une flamme vive, laquelle la pénètre intimement : de sorte qu’en étant toute e7nbrasée, et goûtant les douceurs de l’amour divin les plus délicates, elle parle des admirables effets qu’il produit en elle. Ce sont ces effets que j’expliquerai avec le même ordre que j’ai observé dans les autres cantiques. Je les proposerai d’abord ; ensuite je développerai le sens de chaque cantique en particulier, et ■>’e donnerai enfin en détail l’éclaircissement de chaque vers.


Cantiques de l’âme dans son intime union avec Dieu.


Ô vive flamme d’amour,
Qui frappez délicatement
Le plus profond centre de mon âme,
Puisque vous ne m’êtes plus fâcheuse,
Achevez, s’il vous plaît, votre ouvrage ;
Rompez le voile de cette douce rencontre.

Ô cautère agréable !
Ô délicieuse plaie !
Ô main douce ! ô délicat attouchement !
Qui a le goût de la vie éternelle,
Qui paie toutes mes dettes !
En faisant mourir, vous avez changé la mort en la vie.

Ô flambeau de feu !
Dont les splendeurs
Éclairant les profondes cavernes
Du sens obscurci et aveuglé,
Dans ses excellences extraordinaires,
Donnent tout ensemble de la chaleur et de la lumière à son bien-aimé.

Avec combien de douceur et d’amour
Vous éveillez-vous dans mon sein
Où vous demeurez seul en secret !
Dans votre douce aspiration,
Pleine de biens et de gloire,
Que vous m’enflammez agréablement de votre amour !


PREMIER CANTIQUE. ||

Lorsque l’âme est étroitement unie à Dieu et transformée en lui par l’amour divin, elle est toute embrasée (Joan., VII, 38). Il lui semble | ;| aussi qu’un fleuve de cette eau vive, dont Jésus-Christ parle dans l’Evangile, coule de son sein ; qu’elle est infiniment élevée au-dessus d’elle-même et des créatures : qu’elle est enrichie de vertus et de dons extraordinaires ; qu’elle est si proche de la béatitude éternelle, qu’il n’y a au’un voile lrès-6n et très-léger qui en fait la séparation. Elle consi-