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de tel. Voilà donc pourquoi ta chèvre provoque un déluge. Tu as vu juste dans ton rêve.


— Il était très juste le rêve de ce pauvre homme ! Après le feu et la hache, la chèvre est le plus grand ennemi de la forêt.

— Vraiment ? firent les enfants.

— Vous aimez les chèvres, dit l’ingénieur. Et qui n’aime pas un animal aussi charmant ! Cependant elle est tellement vive qu’elle ravage les plantes.

« Elle tourne autour des branches et choisit toujours la pointe. Elle abaisse les rameaux pour manger le sommet. Quand ça ne lui suffit pas, elle monte dans l’arbre.

« Sa manie de chercher les pointes tendres conduit à la catastrophe pour les arbres. Parce que c’est à la pointe que se trouve le bourgeon, le bouton qui va donner le germe. Quand la chèvre le coupe, la branche ne pousse plus en hauteur.

« Si un troupeau de chèvres avait pâturé ici à l'époque où ces arbres étaient petits, nous n’aurions maintenant pas de place où nous asseoir. La forêt ne serait que broussailles.


— Et s’il venait des moutons ? demanda Costakis.

— Les moutons aussi font des dégâts. Parce qu’en passant dans la forêt ils piétinent les jeunes arbres qui ont à peine poussé.

« C’est pourquoi il ne faut jamais amener les troupeaux près de la forêt, mais les faire pâturer dans la plaine, comme le fait le vieil Athanase qui aime réellement la forêt. Jamais une de ses chèvres ne nous a mangé une branche.

— Lambros les surveille, ont pensé les enfants.

— Toutes ces années, et il n’a jamais été au tribunal.