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Et mettant les doigts dans sa musette, il en a tiré une feuille de papier avec des lettres imprimées noires et rouges.


C’était une feuille des livres sacrés de l’église.

« Pardonne-nous les péchés… » lisait Dimos. La feuille avait aussi des coulures de cierge des vêpres ou de la veillée. Qui sait où Lambros l’a trouvée et ramassée ? Le pauvre, il essayait d’apprendre les lettres avec ça ! Tout seul !

Tant de nos anciens, grands-pères et arrières grands-pères, n’ont-ils pas appris à lire avec l’Évangile ?

« Voilà le A ! » dit Lambros, et il montra du doigt sur la feuille un A majuscule.

— Bravo ! Maintenant tu vas aussi nous montrer le B.

— Comme si je connaissais le B ! fit Lambros.

Alors ils lui ont dit de s’assoir pour observer ce qu’ils allaient lui montrer sur la feuille, et tout ce qu’ils allaient dire, il le répèterait à son tour.

Et paf, Lambros s’est assis jambes croisées avec une facilité unique. Alors la leçon a commencé.

« Ça c’est le a minuscule. Ça c’est le b… ça c’est le e… d… m… de… o… me… ta… sou ».

Ainsi a eu lieu la première leçon. Lambros cherchait à saisir toutes les lettres en même temps.


Finalement non, ce n’était pas un sauvageon. S’il avait pu en avoir l’air, la première fois dans la cabane, c’était à cause de son embarras face à des enfants scolarisés.

Depuis des mois maintenant il avait la lecture comme passion secrète.