Page:19270604 Le Figaro - Supplément littéraire du dimanche.djvu/2

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STANCES




Sachons, sachons, ô ma Silvie,
Jouir de chacun de nos jours,
Et traverser gaîment la vie
Parlés sur l’aile des amours !

Fier du vain nom de la sagesse,
Qu’un autre en son orgueil altier,
Cache un front rongé de tristesse
Sous ses couronnes de laurier !

Que des Déesses de mémoire
Les suivants s’estiment entr’eux ;
Laissons-leur l’erreur de la gloire.
Et s’ils sont grands, soyons heureux !

Quand sur un trône de fougère,
De l’amour vantant les douceurs.
Je chante aux pieds de ma bergère
Qui sur mon front tresse des fleurs ;

Vois ce malheureux qu’on admire,
Armé d’un œil indifférent.
Il noua insulte d’un sourire.
Et se détourne en soupirant.

Heureux qui sait, ô ma Silvie,
Jouir de chacun de ses jours.
Et traverser gaîment la vie
Porté sur l’aile dès amours !

Eugène Hugo.

Lu au Bouquet Littéraire, à la séance du 1er novembre 1818.