— Et la Directrice ne s’aperçoit de rien ?
— Oh ! je crois bien qu’elle se doute de quelque chose. Mais comme, malgré ses grands airs, elle a deux amants, qu’elle me sait au courant de ses fredaines, et que d’autre part, je remplis scrupuleusement mes fonctions elle ferme les yeux, d’autant plus qu’il n’y a pas le moindre scandale.
— Et tu ne rencontres pas de rebelles ?
— Non ; d’abord parce que je ne m’adresse qu’à celles que j’ai bien observées et dont j’ai deviné le tempérament ; ensuite, lorsque j’ai envie d’une « nouvelle », je le dis à l’une de mes deux ou trois confidentes qui me la préparent.
— De sorte, mademoiselle, que les pucelles vous tombent toute rôties ?…
— Mon Dieu, oui ; et ce qu’il y a de plus joli, c’est que je les croque, et qu’elles sont encore pucelles…
— Il se fait tard, il faut que je rentre maintenant… Adieu, ma petite Berthe…
Et voilà, ma Cécile, la cause de mon retard.
Je lui ai pardonné de bon cœur son incartade. Elle a une manière si plaisante de vous raconter ces petites polissonneries, qu’on ne peut lui en vouloir. Ce n’est peut-être pas la dernière fois que j’aurai à te mettre au courant de ses aventures. C’est un vrai « homme » pour l’entrain à l’attaque et la vigueur au combat. Cela tient sans doute à sa conformation physique, qui fait d’elle une hermaphrodite.
Un million de baisers de ta