Page:A. Belot - Les Stations de l’Amour.djvu/121

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connue, et une fois mon envie passée, j’enverrai promener l’homme qui m’aura possédée pendant quelques instants, et je ne le reverrai jamais. Si le cœur t’en dit, tu pourras en tâter aussi…

— Mais réfléchis donc, Cécile, aux suites de ton imprudence… Si la police allait nous arrêter ?… Si tu attrapais du mal (car enfin, ce sera le premier venu !…) Si on nous menait dans quelque sale maison ?… Si…

— Tu m’ennuies, Thérèse, avec tes si et tes mais… Il me faut un homme, n’importe lequel…

— Allons, dit-elle d’un ton résigné, il faut faire tous vos caprices.

Le déjeuner fut court. Nous nous habillâmes très simplement, mais assez chaudement, pour pouvoir rester dans la voiture découverte. Nous avions l’air, toutes deux, de petites bourgeoises en tenue de promenade.

Nous parlâmes peu durant le trajet. La voiture suivait la route directe qui coupe la Seine en plusieurs points, selon le caprice de ses méandres.

Arrivées au sommet de la Terrasse, nous nous fîmes conduire au carrefour de la forêt où se trouve la propriété en question, que je visitais pour la troisième fois. L’inspection terminée, nous nous rendîmes chez le notaire de la ville et, de là, à la gare, dans l’intention de revenir à Paris avant la nuit. Je renvoyai le landau et dis au cocher de rappeler que nous ne rentrerions pas pour dîner.

Nous avions une heure à attendre le train, ayant manqué le départ précédent de quelques secondes. Cette minute de retard a décidé du sort de toute ma journée.

J’entraînai Thérèse dans ce petit sentier tracé entre les vignes, sur le flanc du coteau qui relie en pente douce la Terrasse à la Seine. Puis dans ce petit restaurant, près du pont, où nous avions mangé de la bonne friture avec Férard.

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