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Page:A. Belot - Les Stations de l’Amour.djvu/143

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XIV

Calcutta, 18 février 18…


En nous séparant, Dora m’avait dit : « Surtout, couchez-vous de bonne heure ce soir ; dormez bien et tenez-vous prêt demain de grand matin, on ira vous chercher ».

Le lendemain, je m’éveillai à cinq heures. Je fis ma toilette, et j’attendais, sans savoir qui, lorsque j’aperçus la petite Amalla, entrée je ne sais comment dans ma chambre, et qui me souriait : « Viens ! me dit-elle ».

Elle se laissa embrasser de fort bonne grâce et me prit la main. Il faisait encore nuit. Devant ma porte stationnait un dandi, sorte de palanquin dont se servent les femmes indigènes riches du Bengale, elle m’y fit monter et se pelotonna contre moi.

Nous fîmes environ un mille et demi sans mot dire, car à ma question : « Où allons-nous ? » la gamine avait répondu par un petit rire étouffé. Quand nous nous arrêtâmes, nous étions au bord du fleuve, et l’aube commençait à peine à blanchir l’horizon.

Devant nous, au pied du Ghat, large escalier qui plonge dans l’eau et permet de s’embarquer et de se baigner, un steam-launch stationnait sous pression : une Indienne, bien enveloppée dans son pagne, était debout sur le pont et paraissait nous attendre. Dès que j’eus mis le pied à bord, l’Indienne rabattit le bout du pagne qui cachait son visage, et me tendit la main. Je reconnus Dora.

— Vous, chère amie, dans ce costume ?…

— Oui ; ne vous ai-je dit que je vous enlevais pour une grande journée ? Quant à ce costume, je le revêts quelque fois dans mon atelier, pour avoir plus de liberté dans mes mouvements. Aujourd’hui il m’empêchera d’être reconnue.

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