Page:A. Belot - Les Stations de l’Amour.djvu/146

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que je lui connaissais dans ces moments-là, soupirait : « Pas encore… je t’aime… reste… fais-moi un enfant… j’en veux un de toi… »

Lorsqu’enfin nous nous séparâmes, je revins seul sur le pont pour chercher à me ressaisir.

Quelques instants après Dora reparut, le visage rayonnant, huma avec délices l’air encore frais du matin et vint à moi en souriant. Elle avait quitté son costume d’Indienne et revêtu une longue blouse de flanelle blanche, à peine serrée à la taille. Elle posa sa main sur mon épaule et me dit doucement : « Je suis heureuse !… »

Comme je la regardais d’un air interrogateur, elle ajouta : « Non, mon ami, je n’ai pris aucune précaution. Je veux un enfant de vous, et je sens que je l’aurai. Je suis, après tout, libre de mes actions, et n’ai de compte à rendre à personne. De plus… j’ai mes projets, que je vous dirai. En attendant, déjeunons. »

Après avoir pris le thé, Dora disposa sa boîte d’aquarelle qu’elle avait apportée : « Laissez-moi un peu travailler, voulez-vous ? Je voudrais noter quelques tons. Pendant ce temps-là, faites ce que vous voudrez : dormez ou bien amusez-vous avec Amalla : elle est très gentille, vous pouvez tout vous permettre avec elle, excepté… vous m’entendez bien, car je vous veux tout à moi aujourd’hui, je vous l’ai dit ».

Amalla vint rôder autour de moi. Elle portait un gros coussin ; elle me fit signe de m’étendre sur le banc et me le glissa sous les épaules. J’allongeai la main que je passai sous sa petite tête pour la remercier : « Tu es gentille : viens un peu avec moi que je te caresse ».

La jolie bengalie ne se le fit pas dire deux fois : comme un petit chat, elle grimpa sur le banc et s’installa entre mes jambes, appuyant sa joue sur ma poitrine.

— Tu aimes bien ta maîtresse ?

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