Je commençais à soupirer de contentement, les yeux clos, quand tout à coup je poussai un cri en me dressant sur mon séant : Thérèse s’approchait de mon lit, un bougeoir à la main, en chemise, la gorge nue et une simple jupe autour du corps.
— Qu’y a-t-il ?… Que voulez-vous ?… lui fis-je brusquement, très contrariée d’être dérangée.
— Pardon, madame, mais madame ne m’a pas appelée ? Il m’avait semblé…
— Mais non ; vous êtes folle ; allez vous coucher et laissez-moi dormir…
— Je vais reborder le lit de madame qui est tout défait : madame pourrait prendre froid…
Et sans attendre ma réponse, ayant posé son bougeoir sur la table de nuit, elle passa sa main sous la couverture, puis la glissa si rapidement à l’endroit où j’avais mon doigt tout à l’heure, en arrivant juste au point sensible, que je n’eus pas le temps de me garer de cette brusque attaque. En même temps, elle se jeta sur moi et me couvrit les joues, les yeux, le cou, la bouche de baisers les plus passionnés, me disant d’une voix haletante : « Pardonnez-moi, mais je vous aime, je vous adore… j’en serais devenue folle… j’en serais morte… »
La coquine !… moi aussi j’allais mourir, car son doigt allait toujours, avec une délicatesse… une science !… Je ne résistais plus, j’avais machinalement ouvert les jambes, après avoir dit pour la forme : « Thérèse ! non, laissez-moi… va-t’en… »
Mais ces mots s’achevaient en soupirs. Mes yeux plongeaient dans sa chemise où je voyais palpiter une gorge d’une blancheur éblouissante, que soulevaient des sanglots étouffés… Je jetai vivement mes bras autour de son cou et la serrai sur mon sein à l’étouffer : « Va plus vite, soupirai-je… voilà… ah !… ah !… »