Page:A. Belot - Les Stations de l’Amour.djvu/79

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Nous nous réveillâmes en même temps.

— Je rêvais, me dit Line, que je le faisais avec un homme, et que cet homme, c’était toi… Veux-tu encore une fois, dis ?… tu me l’as promis, ajouta-t-elle d’un ton câlin.

Et déjà elle fourrageait.

Je sautai à bas du lit, en l’entraînant avec moi, et nous courûmes au lavabo faire une toilette sommaire. Je levai le rideau, il faisait à peine jour : la pendule marquait sept heures et demi. Bon ! Thérèse ne viendra pas avant neuf heures…

Et nous nous recouchâmes vite, en nous réchauffant l’une contre l’autre. Elle était divinement fraîche et jolie : je lui donnai un baiser sur la bouche, et je sentis passer un petit bout de langue, que je ne pus m’empêcher de saisir. Elle me rendit aussitôt cette caresse, avec une expérience qui me fit voir que ce n’était pas la première fois qu’elle la pratiquait.

— Oui, c’est ça… faisons-nous des langues, Cile, c’est bon… Branlons-nous tant que nous le pourrons…

Quand ce fut fini, elle me demanda doucement : « Dis moi, Cile, tu as un amant ?… »

— Par exemple ! fis-je en sursautant… À quoi penses-tu ?… Tu sais bien que j’adore mon mari, et que pour rien au monde je ne voudrais le tromper. (En effet, m’ami, je ne te trompe pas, puisque je te dis tout).

— Pardonne-moi, chérie, mais comme Léo est loin et que tu es seule depuis longtemps… On m’a dit qu’une femme ne pouvait pas s’en passer, et alors, je pensais…

— Voyez vous ça !… Et qui vous a mis ces jolies choses dans la tête, mademoiselle ?…

— Alors, reprit-elle sans répondre à ma question, c’est toujours toute seule, pauvre chérie, avec ton doigt ?… Ou bien, c’est que tu as une amie ?… Dis, avec qui le fais-tu ?…

Quoique je voulusse mettre[sic] si naïvement dépravée, que je

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