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LA BELLE ALSACIENNE

attention. Il faut que je sois folle pour ne pas m’apercevoir du ridicule que peuvent me donner mes aventures exposées dans leur jour naturel : il est vrai qu’on en sait déjà la majeure partie, et qu’en me présentant au public, ce n’est pas une inconnue que je lui annonce : mais les causes qui ont fait agir les ressorts de ma fortune ; mes progrès depuis mon origine jusqu’à présent ; c’est ce que l’on ignore, et ce que peut-être je devrais taire ; car, si la première qualité d’un écrivain doit être l’amour de la vérité, je dois avouer de bonne foi que je ne crois pas avoir trop lieu de me féliciter sur cet article : mon éclat dans le monde n’est pas tout à fait l’ouvrage de ce qu’on appelle mérite essentiel et reconnu.

Née dans le sein de la volupté, élevée et familiarisée dès mon enfance avec les jeux de l’amour, le moins formaliste, je dois tout au goût des plaisirs ; l’inconstance, le caprice, la légèreté, la faiblesse, la sensualité, voilà les ressources où j’ai puisé mon élévation.

Objet de la jalousie de mes pareilles et