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LA BELLE ALSACIENNE

Comme j’ai obligation de toutes mes vertus et de toute ma gloire aux soins de ma mère pour mon éducation, je serais coupable d’une affreuse ingratitude si, par négligence à la faire connaître, je la privais des éloges dus à ses talents et à son expérience.

Il ne tiendrait qu’à moi de me donner une origine illustre. Le clergé, la robe et l’épée ne m’offrent-ils pas, ainsi qu’à bien d’autres, de quoi vernir l’obscurité de ma race ? Mais je ne prétends pas en imposer. Ambitieuse et vaine, ma vanité n’a pas pour objet les tristes brillants et les avantages d’une naissance chimérique. Une jolie femme n’a besoin ni d’aïeux, ni de descendants ; elle compose elle seule toute sa famille ; ses charmes font sa noblesse ; des intrigues bien ménagées, des infidélités conduites avec art, vingt amants ruinés par elle, voilà ses titres.

Ma mère, est fille d’un perruquier de Colmar. La nature l’avait embellie de tous les agréments propres à acquérir les faveurs de la fortune : elle joignait aux grâces