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LA BELLE ALSACIENNE


jouai le rôle de belle malade avec assez de succès pour en recevoir des compliments. Enfin le dessert arriva ; je me ressouvins des bouteilles de vin de Champagne que le marquis m’avait envoyées la veille ; j’ordonnai qu’on les apportât. Surcroît de joie et nouveaux éloges prodigués aux manières intelligentes avec lesquelles je faisais les honneurs de chez moi.

Les précieuses bouteilles arrivent enfin ; on en distribue une partie en différents endroits de la table. Tout le monde, gardant un silence avide, se recueillait dans l’attente de cette délicieuse boisson. Un bel esprit de la compagnie, consommé dans l’usage de décoiffer les bouteilles, en saisit une pour faire parade de son adresse. Les cordons qui captivaient le bouchon étaient déjà coupés ; une légère caresse du pouce l’invitait à laisser le passage libre au prétendu nectar, en s’élevant jusqu’au plafond : invitation inutile, tentatives réitérées avec aussi peu de succès. Après différents essais toujours infructueux, le dépositaire du vase eut la mortification de voir échouer sa