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LA BELLE ALSACIENNE


de l’entreprise, il n’en voulut jamais démordre : ces gens de justice sont tenaces, il fallut céder. Ma mère, qui était la complaisance même, se prêta à sa vanité et lui promit que le jour de son hymen éclairerait le triomphe de la robe, et dans la maison même de son mari. Le procureur, satisfait, ne soupira plus qu’après le bienheureux moment qui devait le mettre au comble de ses désirs, en couronnant ses amoureux exploits.

Ma chaste mère, tendre victime de l’amour et du devoir, fut conduite au pied des autels, où elle jura à son mari une fidélité éternelle, serments qu’elle n’était résolue de garder qu’autant qu’ils pourraient se concilier avec son intérêt et ses plaisirs. La cérémonie étant achevée, elle fut amenée au logis de son mari, accompagnée d’un assez nombreux cortège. L’amoureux procureur, en qualité d’ami de la famille, était de la fête : il ne la perdait pas de vue, bien résolu de ne point laisser échapper l’occasion de la sommer de sa parole. La mariée, qui devinait son