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LA BELLE ALSACIENNE

Si l’on appelle coquetterie l’envie de plaire et cette satisfaction que l’on goûte à faire naître des désirs, je ne m’en défends pas. J’étais sensible à la douceur de me voir l’objet d’une tendre curiosité.

J’apercevais quelques concurrentes dont les yeux jaloux feignaient de m’examiner avec dédain, mais l’attention du public me dédommageait de l’importunité de leurs regards ; d’ailleurs l’air insultant dont elles tâchaient de rassurer leur contenance était un nouvel éloge pour moi et m’apprenait ce que je valais.

J’étais trop attentive aux mouvements que j’excitais pour m’occuper du spectacle. Plusieurs seigneurs vinrent me complimenter dans ma loge et me firent des propositions. On pourrait sans injustice être vaine à moins. J’avais enlevé tous les suffrages. Je me figurais être dans un sérail d’hommes destinés à mon plaisir, où je pouvais commander en sultane et jeter le mouchoir à celui qui aurait le bonheur de me rendre sensible.

Je me trouvai si bien de cet essai que je