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LA BELLE ALSACIENNE


mère parlait avec feu. La description de ma figure demandait des détails, ces détails attendrirent notre auditeur.

Il était sensible aux belles choses : il soupira, il fallait absolument gagner l’homme, c’était un coup de partie. Ma mère avait renoncé depuis longtemps aux plaisirs du siècle ; elle se vit cependant dans la nécessité de faire un effort sur l’inaction de son tempérament. Cet excès de volupté transporta le valet de chambre ; il jugea, en connaisseur, que des charmes provenant d’un pareil cru devaient être quelque chose d’exquis et dignes d’être consacrés aux plaisirs de son maître. Il promit de s’intéresser pour moi et tint parole.

Le récit qu’il fit à de R… fut reçu agréablement et suspendit sa douleur pour quelques instants.

— Ce serait bien, dit-il, ce qu’il me faut, si le tableau que vous m’en faites là n’est pas trop flatté ; peut-être pourra-t-elle me faire oublier l’ingrate L. D…

À ces mots, le fidèle messager vole à mon couvent, me demande : je parais. Il