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LA BELLE ALSACIENNE

Ma mère, qui avait passé la nuit dans la maison et avait servi la veille d’eunuque noir pour nous mettre au lit, survint comme je me levais. Je passai vite dans une autre chambre pour me délivrer d’une vue insupportable.

Lorsque ma mère eut réglé ses comptes avec de R…, elle prit congé de lui. Il lui ordonna en la quittant de me déposer chez l’alguazil qui avait été le premier entremetteur, et d’attendre ses ordres. Vingt jours se passèrent sans qu’on reçût aucune de ses nouvelles. Ma mère, qui espérait de jour en jour voir arriver de sa part quelque bouillon d’or potable, fut bien surprise, au bout de ce terme, d’apprendre que la P… était déclarée l’odalisque chérie et qu’on lui laissait la liberté de me pourvoir. Cette fâcheuse nouvelle la consterna.

Les idées dont elle s’était flattée lui avaient tourné la tête. Elle avait anticipé sur une fortune qu’elle regardait comme certaine.


Les créanciers n’entendent pas raison. Les siens furent impitoyables : bijoux, meu-