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LA BELLE ALSACIENNE


lant et qui me mettait au-dessus de toutes mes rivales.

Me voyant dans de si favorables dispositions, il me fit quitter mon habit étranger pour en prendre un de son goût, et me fit conduire rue des Deux-Portes, chez deux de ses sultanes validé, auxquelles il avait remis l’intendance de ses menus plaisirs. Je n’y restai que deux jours ; il avait eu soin pendant ce temps de me faire meubler, rue du Luxembourg, un appartement digne du rang où j’allais monter. J’allai prendre possession de mon nouveau palais. D… m’y attendait ; il m’étala toute la rhétorique de sa galanterie usée.

Il me parla de son amour comme d’une passion qui n’avait pour but que le plaisir de faire mon bonheur. Il m’assura que je le connaîtrais aux soins qu’il prendrait de moi, et que la profonde estime dont il se sentait pénétré lui avait suggéré les plus sages précautions pour conserver ma chaste pudeur et défendre mes charmes d’un profane pillage :

— Le véritable amour ne va guère sans