Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/144

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quées plus haut. Des salons aristocratiques servirent de lieux de rendez-vous.

Les journalistes patriotes s’émurent à propos de pareils conciliabules. Gorsas imprima, à rencontre des démentis : (( Il est pourtant certain, au moins tout concourt à le faire croire, qu’il y a eu, ces jours derniers, un concile clandestin au couvent des Augustins : ce concile était composé, assure-t-on encore, d’Ecclésiastiques et de quelques Nobles. Quel étoit le motif qui étoit le but de cette Assemblée ?... Le bien public, sans doute, il faut le croire, par amour de la paix (1). »

Cette nouvelle, lancée par la presse, ne déconcerta pas la réaction. Une occasion se présenta, en avril 1790, pour inciter les monarchistes à protester solennellement contre un décret de l’Assemblée nationale, déclarant qu’il n’y avait pas lieu de délibérer sur une motion de Dom Gerle, relativement à la religion catholique, reconnue comme religion de la nation. L’archevêque d’Aix, Cazalès (2), d’Éprémesnil, le vicomte de Mirabeau, Montlosier, irrités, organisèrent des conciliabules aux Capucins de la rue Saint-Honoré, entre cette rue et le jardin des Tuileries.

Le côté droit affirmait partout que l’Assemblée nationale voulait anéantir le catholicisme. Croyant faire taire ces accusations d’impiété, Dom Gerle, le 12 avril 1790, eut l’imprudence de proposer la déclaration que « la religion catholique est et sera toujours la religion de la nation. »

« Dès le soir, dit Camille Desmoulins, assemblée générale des aristocrates (plus de deux cents députés de la droite), aux Capucins de la rue Saint-Honoré, dans le chœur de l’église. On lit le plan d’attaque pour le lendemain, pour faire déclarer la religion catholique « religion de l’État »... Tous les Noirs se rendront à la salle (l’Assemblée nationale) à neuf heures... Maury et trois autres parleront seuls... S’ils ne réussissent pas, ils déposeront une protestation préparée et signée .. Ils se rendront chez le roi pour avoir son approbation, et se répandront dans les rues pour instruire le Peuple du danger qui menace la religion... Si le roi refuse de prendre la querelle du ciel, on écrira aux provinces pour leur dénoncer la faiblesse du prince... — Mais les Capucins dénoncent eux-mêmes à l’instant le conciliabule au district, et le lendemain matin, on crie à Paris l’as- [1]

  1. (1) Courrier de Gorsas, numéro du 28 décembre 1789. (2) Cazalès, en février 1790, avait eu la hardiesse do demander k l’Assemblée nationale trois mois de dictature pour le roi, L’Assemblée ne l’écouta pas.