Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/284

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jolie ci très intéressante : ne seroit-ce pas dommage c^ue l’un de ces quatre matins elle devint la veuve d’un pendu et la proie d’un pandour ?

» 

Il était difficile de lancer une plus forte impertinence, une plus cruelle injure. Lucile Desmoulins était sympathique, et ces méchancetés devaient irriter toutes les personnes qui fréquentaient chez elle (1).

En 1792, le Journal Français osait parler ainsi des Jacobins auxquels Paris était livré :

« La calomnie est la monnaie courante du pays, l’audace est un sCr passeport pour entrer sur cette terre déshonorée, et les menaces sont le pouvoir exécutif de cette aggrégation anarchique. « La liberté a abandonné aux furieux ce lieu, où jadis elle était adorée.

« Les écrits dictés par la raison ou le patriotisme y sont lacérés et brûlés au milieu des vociférations des cannibales abâtardis. Ces singes-tigres voudraient nous faire regretter le despotisme, puisqu’ils renchérissent à l’envi sur ses monstrueuses conceptions. » En 1792, YAlmanach des honnêtes gcns^ composé par un aristocrate, et tout rempli de sentiments aristocratiques, faisait des prédictions bizarres et des prophéties menaçantes

Dans le Mercure de France^ de Mallet-Dupan, on pouvait lire : « Les Huns, les Hérules, les Vandales et les Goths ne viendront ni du Nord ni de la mer Noire : ils sont au milieu de nous (2). » Ces écrits eurent du retentissement dans le monde royaliste et aristocratique jusqu’au 20 juin et au 10 août 1792. En juillet de cette année, l’Assemblée législative apprenait qu’un chef contre-révolutionnaire voulait soulever le département de l’Ardèche avec plusieurs milliers d’hommes armés. Ce chef s’intitulait « Lieutenant général de l’armée des princes. » Le 4 de ce même mois, un gendarme national faisait, aux Jacobins, cette dénonciation : « Il se tient à l’École militaire un club nocturne où se forgent les complots que l’on cherche à mettre en exécution le jour. C’est de là qu’ont été lâchés les émissaires qui ont cherché à produire des mouvements dimanche dernier (l’^'" juillet). On en envoie d’autres dans les départements, où l’on fait courir le bruit que la vie du roi est en danger... (3). »

(1) Voir plus bas, Sociétés, comités, clubs et cercles divers, etc. ’(2) Numéro du 14 janvier 1792.

(3) Société des Jacobins, séance du 4 juillet 1792.