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LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES

duisirent quelques faux frères, pendant que les monarchistes tenaient des conciliabules secrets chez la reine, Monsieur, madame de Tessé, le duc de Luxembourg, l’archevêque d’Aix et autres.

Lorsque l’Assemblée nationale fut transférée, en octobre 1789, à Paris, le Club breton la suivit, Il choisit et loua la salle de la bibliothèque du couvent des Jacobins, rue Saint-Honoré. En février 1790, il prit le nom de Société des Amis de la Constitution[1]. Le 21 septembre 1792, il décida de s’intituler Société des Jacobins, amis de la liberté et de l’égalité.

Sous la monarchie constitutionnelle, il s’appela Société des Amis de la Constitution, séants aux Jacobins, à Paris. Il se glorifiait de ce nom de Jacobins, que les ennemis de la Révolution lui donnèrent par dérision, afin de ridiculiser ses membres, de les faire regarder comme une faction.

Il y eut promptement scission parmi les Amis de la Constitution.

La Fayette, Bailly, Duport (Adrien), les Lameth (Alexandre et Charles), La Rochefoucauld-Liancourt, demeurés royalistes constitutionnels, fondèrent un club au Palais-Royal, club bientôt transféré dans l’ancien couvent, vaste et somptueux, des Feuillants, non loin de la salle du Manège, en face de la place Vendôme, près des Tuileries et du couvent de l’Assomption[2]. Dandré, député de la noblesse de Provence aux États généraux, Beugnot, ancien lieutenant du présidial de Bar, et devenu député à la Législative, Dumas, qui organisa la garde nationale avec La Fayette[3], Le Chapelier, Pastoret, qui fut procureur syndic du département de la Seine, Vaublanc et Mirabeau l’ainé, appartinrent au Club des Feuillants, dont les débris du club de 1789 formèrent le noyau[4]. Ce fut encore une réunion de modérés, ne voulant pas aller plus loin que la monarchie constitutionnelle ; d’Amis de la Constitution, séante aux Feuillants.

Il faut remarquer, tout d’abord, que, dès le commencement de la

  1. Voir, pour plus de détails, la Société des Jacobins, Introduction, t. I, ouvrage publié par M. F. A. Aulard, dans la Collection de documents relatifs à l’Histoire de Paris pendant la Révolution.
  2. En 1804, la rue de Rivoli a fait disparaître l’église et le couvent des Feuillants. L’enclos du monastère occupait l’espace compris entre la rue Saint-Honoré et la terrasse septentrionale du jardin des Tuileries, dite « terrasse des Feuillants. » Le bureau des archives de la Constituante était à la Bibliothèque du couvent des Feuillants. Le local des Feuillants était magnifique. Ces clubistes voulaient faire abattre le maître-autel de la chapelle du couvent, ou vue de la tenue de leurs séances. On ne sait pas s’ils exécutèrent ce projet. (Arch. Nat., 21 septembre 1791, 2 pièces, F19 6116.)
  3. La Fayette, surnommé Gilles-César ou Gilles-le-Grand par le duc de Choiseul.
  4. Voir Société de 1789.