devoir rappeler les principes et le vrai but de son institution ; c’est pour cela qu’elle a jugé convenable de faire précéder ces règlemens par le prospectus de son journal, où ces objets fondamentaux sont suffisamment indiqués.
« Il est, pour les individus, un art d’assurer et d’augmenter leur bonheur : il a consisté jusqu’ici dans la philosophie morale, que les anciens portèrent à une sorte de perfection.
« Il doit exister aussi, pour les nations, un art de maintenir et d’étendre leur félicité : c’est ce qu’on a nommé l’art social.
« Cette science, pour laquelle travaillent toutes les autres, ne paroit pas avoir été encore étudiée dans son ensemble. L’art de cultiver, l’art de commercer, l’art de gouverner, l’art de raisonner même, ne sont que des parties de cette science ; elles ont pris chacune à part une sorte d’accroissement ; mais, sans doute, ces membres isolés ne parviendront à leur développement complet que lorsqu’ils auront été rapprochés, et qu’ils formeront un corps bien organisé.
« Réunir tant de matériaux épars et inconsistans, rechercher dans les sciences économiques leurs rapports mutuels, et surtout la liaison commune qu’elles peuvent avoir avec la science générale de la civilisation, tel est l’objet de l’art social.
« Ce n’est ni un, ni plusieurs hommes, ni même une seule nation, c’est le concert des peuples qui peut assurer à cet art des progrès efficaces ; mais ces progrès seront moins longs, dès que tous les esprits suivront partout un ordre de travail constant et uniforme.
« Il faut donc créer cette méthode commune. Or, avant qu’elle soit fixée, perfectionnée et généralement adoptée, il étoit naturel que les bases en fussent posées par une association, qui, communiquant à d’autres sociétés semblables les principes et l’esprit qui l’animent, pût, ainsi qu’elles, rallier à des systèmes pareils les divers travaux de tous les hommes éclairés, en quelque lieu qu’ils existent, et qu’ils veillent pour le bien de l’humanité.
« Tel est le plan sur lequel s’est formée la Société de 1789.
« Elle a pensé qu’on avait jusqu’à présent retiré trop peu d’avantages de ces instrumens de communication, par lesquels nous pouvons nous rendre si supérieurs aux anciens, et qui doivent étendre le commerce de la pensée comme celui de toutes les autres richesses du globe. Elle a donc voulu multiplier entre les nations les échanges réciproques des connoissances humaines.
Bib. Nat., Lb 40/2403. — Nous reproduisons ces Règlements tels, qu’ils ont été publiés, avec leurs imperfections typographiques ou autres.