Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/519

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vieux Cordeliers ne voyent-ils pas qu’il s’agit ici, pour eux, de vie et de mort ? Ils vous combattront avec un pouvoir absolu qu’ils gardent encore, et avec des armes que vous ne connaissez pas, celles de révolutionnaires. Tout à l’heure, M. de La Harpe ne doutait pas de la victoire, parce que l’opinion publique est de votre côté. Je demlinde à M. de La Harpe de quel calibre sont les canons de l’opinion publique. »

Benjamin Constant partageait ces sentiments. Ce publiciste célèbre, qui devint secrétaire du Club de Salm, et plus tard tribun, publia une brochure intitulée : Des réactions politiques, dans laquelle il raillait les cercles où se rassemblaient les anciens constitutionnels et les royalistes. Il disait d’eux : « Ces êtres d’un jour, qui n’ont qu’une existence artificielle, des mouvements copiés, des mots de ralliement, ces êtres travestis burlesquement en dispensateurs de la gloire, qui veulent ressusciter l’empire des salons, le tribunal de la mode. »

Madame de Staël abandonnait le Club de Clichy, mais avec l’intention d’en adopter un autre, et d’y régner. On peut croire que l’abbé Sieyès, sur lequel un certain prêtre, Chrysostome Poule, avait tiré un coup de pistolet le 20 juin 1797, fut le premier inspirateur d’un de ces cercles constitutionnels, et qu’il s’accorda avec Benjamin Constant pour admettre le Club de Salm. Ce fut donc à l’Hôtel de Salm que madame de Staël réunit, sous le Directoire, un conciliabule de personnages politiques, parmi lesquels figurait Benjamin Constant. Celui-ci contribua à fonder le Club de Salm, en juillet 1797. Le club prit son nom de l’hôtel oii il se tint, et eut pour but de combattre le Club de Clichy, où les royalistes s’étaient fait un centre.

Tout d’abord, chez Benjamin Constant se rassemblèrent les premiers membres de cette réunion constitutionnelle. « Vous avez vu dans les papiers, écrivait-il à son oncle, des détails bien défigurés sur un cercle qui a commencé par un dîner chez moi et qui est composé actuellement de plus de six cents personnes, parmi lesquelles se trouve tout ce qu’il y a d’estimable et de distingué dans le parti républicain. Le gouvernement encourage fort cette réunion, et déjà à présent elle sert à relever l’esprit public (1). » (1) Lettre de Benjamin Constant, du 11 juillet 1797. — Mort le 30 décembre 1830.